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baby you know i'm guilty
cops, judge and jury, they all agree.
if love is the crime, i'm doing time

bellisaro @tumblr ✰ claudia brucken.
★★★
Lauren. Je sais que perdue et déconnectée est ce que j'aurais été si cette odeur âcre qui ne cesse de s'élever dans la pièce ne me rappelait pas exactement où je suis et ce qui vient de se passer. D'une certaine manière, elle est donc tout ce qui me permet de me raccrocher à la réalité. Sans elle, je ne ressentirais que cette étrange douleur qui m'aurait paru bien trop profonde pour ne serait-ce être réelle. Grâce à elle, je sais que la douleur est vraie. Grâce à elle, je sais pourquoi je souffre.
Le souffle court, je m'adosse maintenant à la porte et m'efforce de rester immobile tout en gardant les yeux fermés. Les ouvrir reviendrait à me confronter à ce que je ne peux en fait même pas fuir. Cette flaque, épaisse et rouge de sang, s'allonge lentement sur le carrelage de ma salle de bain depuis près d'une heure maintenant. Il me suffit de la regarder pour avoir l'affreuse et terrible sensation de manquer d'air. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé de le faire disparaître, tout ce sang. Mais au moindre mouvement, l'écoulement n'a fait que s'empirer. Alors je ne bouge pas, et je ferme les yeux. Je ne me serais pas aventurée à les rouvrir aussitôt si les pas et la voix d'Aubrey ne venaient pas de se faire entendre dans toute la maison. Lauren? La panique me prend soudain et il ne me faut pas le tiers d'une seconde pour me retrouver, naïve, à frotter ce sol à nouveau, encore et encore et encore, tel un criminel qui tenterait d'éliminer d'horribles preuves d'un horrible crime. C'est alors qu'elle toque à la porte que mes larmes viennent grossièrement se mêler au sang. Je sens mon cœur me remonter à la gorge. Ma belle, tout va bien? Je ne parviens pas à taire mes sanglots. Je vais bien Aubrey, tu peux rentrer chez toi. De l'autre côté de la porte me parvient un son semblable à des pas que je sais ne pas appartenir à Aubrey car l'ombre de celle-ci n'a pas bougé. Je tends l'oreille. Elle est là-dedans. Je n'ai pas le temps de deviner à qui elle s'adresse. Lauren, c'est Cole. Ouvre-moi. Cole. Je lui avais pourtant dit de venir seule. Ma voix s'étrangle et dans un élan de colère, je crie.
Mais ils ne partent pas. A la place, Cole ne tarde pas à ouvrir la porte qui elle m'envoie valser contre le mur. Je patauge désormais dans mon propre sang. Tandis que, dans un parfait silence, leur regards se risquent à travers la pièce, je m'offre à leurs yeux comme on s'infligerait une torture à soi-même. (ec)

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Je ne bouge pas. Je reste là assise au beau milieu du salon à sombrer dans la pénombre que supporte cette pièce qui comme le reste du monde me paraît sans espoir, où le temps semble s'être arrêté et dont l'odeur infâme de la solitude et du tourment règne tristement. Le regard vide, les jambes repliées contre moi, j'écoute le ciel pleurer depuis des heures. Je serre ma tasse au creux des mains et constate que la chaleur de l'infusion s'est dissipée certainement depuis un moment déjà dans l'air glacé. Soudain, un hurlement. Un cri, strident, à vous glacer le sang tant il transpire la douleur. Il me paraît empreint d'une telle souffrance que j'en laisse ma tasse me glisser des mains. Je ne cille pas. La télévision, alors seule source de lumière, attire mon attention et finit brutalement par me ramener à la réalité. Un mois, me dis-je. Trente-et-une nuits, trente-et-un cauchemars, quatre semaines à rester éveillée, 1355 heures interminables, 44 721 minutes à ressentir un vide. Profond. 2 683 278 secondes à essayer de comprendre ce qui a bien pu arriver.
En vain.